Mais la fin de la Guerre 14-18 verra aussi naître un autre style d'Opérette , correspondant à ce que l'on a appelé les "années folles".
Après les horreurs de cette période on veut revivre et s'amuser "follement"...

Cette fois c'est le librettiste qui est à l'honneur puisque c'est lui qui va faire appel à des musiciens pour composer la musique à adapter sur ses "lyrics" (paroles de chansons pour les comédies musicales), franchissant déjà la mince ligne virtuelle séparant l'opérette de la comédie musicale dont le genre semblera venir des pays
anglo-saxons. Mais en France on parlait toujours d'opérettes et ce pour encore de nombreuses années jusqu'au déclin et de celles-ci et leur renaissance avec les comédies musicales...

Albert WILLMETZ, sur un thème néo-grec fantaisiste, écrit une Comédie musicale :
"Phi-Phi" (le sculpteur Phidias) pour laquelle
il fait appel au compositeur déjà célèbres de chansons (La petite tonkinoise, Valentine,...) Henri Christiné.
(ci-dessous)

Comédie légère sur des rythmes nouveaux,
gais et endiablés. Un souffle de liberté soufflant
maintenant sur la France.

Les théâtres du Châtelet, de la Gaîté-Lyrique, Daunou, des Nouveautés, Mogador, Marigny,... font salle comble le plus souvent.


Albert WILLMETZ 1887 - 1964


portrait par Jean Cocteau

Avec Christiné il produira aussi "Dédé" pour laquelle ils auront pour vedette le très célèbre Maurice Chevalier. Comédie moderne où Robert (M. Chevalier) chantera "Dans la vie faut pas s'en faire, moi je m'en fait pas..."

Il écrira des dizaines d'opérettes
avec des compositeurs divers tel
Maurice Yvain, (ci-dessous)
- dont "Là-haut", avec Maurice Chevalier -


Yvain composera aussi :"Pas sur la bouche"
(livret d'André Barde) et diverses oeuvres dont "Chanson gitane" (livret André Mouezy-Eon), avec Armand Mestral et André Dassary.

* * *

Reynaldo HAHN (1874 - 1947)

Vénézuélien d'origine, musicien "classique"
mais ouvert à toutes les musiques, il va en 1923,
sur la demande de Robert de Flers
(de l'Académie Française !), composer la délicate musique de "Ciboulette", une petite fleuriste qui finira par épouser Antonin,
jeune aristocrate oisif... Accueil enthousiaste du public avec des airs qui sont toujours en mémoire (Nous avons fait un beau voyage, ...)
-->


(suite)
Il récidive 2 ans plus tard, sollicité par
Sacha Guitry, pour composer une élégante partition pour "Mozart", opérette racontant le deuxième séjour parisien de Wolfgang, interprété par Yvonne Printemps, selon l'usage de faire jouer les jeunes garçons par des femmes.


Sacha Guitry

Aussi chef d'orchestre R. Hahn composera de nombreuses mélodies et autres oeuvres classiques
dont un opéra "Le marchand de Venise" et un ballet "Le dieu bleu".

* * *

D'autres opérettes verront aussi le jour pendant cette périodes grâce au dynamique Willemetz mais aussi à des librettistes comme Yves Mirande , ainsi que des compositeurs tel
Raoul Moretti auteur de la musique de "Trois jeunes filles nues, Le Comte Obligado,
Un soir de réveillon, Les soeurs Hortensias, ...
" où excellent les chanteurs-comédiens
Dranem, Jean Sablon, Henri Garat, Georges Milton, ...

La musique américaine se répand en Europe et, avec elle, celle de compositeurs venus
des pays de l'est mais souvent influencés par les Etats-Unis.

Dès 1926 c'est "No, no, Nanette"
d'Otto Harbach sur une excellente partition
de Youmans, avec le fameux "Tea for Two".

Du même auteur, sur une musique endiablée
de Friml et Stothart, c'est "Rose-Marie".
Opérettes jouées et reprises de nombreuses fois jusqu'à nos jours avec succès.


Retour aussi de la musique viennoise, déjà en vogue avant la Guerre, en particulier avec
Oscar Stauss et "Rêve de valse", lequel récidive en 1928 avec "Mariette" sur une histoire
de Sacha Guitry.
De la même veine énorme succès pour
"Princese Czardas" d'Emmerich Kalman.

Grande époque pour bien d'autres opérettes
mais ... totalement oubliées aujourd'hui !

 

Quelques interprètes célèbres :
Milton, Charpin, Bourvil, Michel Dens, Michel Galabru, Marcel Merkès, Paulette Merval...

Créée en 1930 à Berlin et reprise 2 ans plus tard à Paris, c'est le triomphe, souvent renouvelé
par la suite, pour "L'Auberge du Cheval blanc" de Ralph Benatzky.

Si l'argument est mince l'adaptation française de Lucien Besnard avec des "lyrics"
de René Dorin fera que cette opérette, jouée d'abord à Mogador, totalisera plus de 1700 représentations au Châtelet (de 1948 à 1988) .
Elle a encore été reprise récemment
et toujours avec bonheur.
Airs connus :
"Je vous emmènerai sur mon joli bateau, On a l'béguin pour Célestin, Pour être un jour aimé de toi, La bonne auberge du Cheval blanc."

* * *

L'opérette à " grand spectacle "

Au début des années 30, et pour 40 années, Maurice LEHMANN prend la direction du théâtre du Châtelet à qui il va donner la vocation du "grand spectacle ".
On verra sur scène parfois jusqu'à 200 artistes (danseurs , choristes et figurants) accompagnés par un orchestre de 40 musiciens !
Première mise en scène pour "Mississipi"
(avec le célèbre "old man river"), puis ce sera "Robert le pirate, Sidonie Panache, Rose de France, Au soleil du Mexique, Nina Rosa,
Valses de Vienne, Ignace,...
" opérettes qui révèleront ou confirmeront lees talents de
André Baugé, Edmée Favart, Fernandel,
Nicky Nancel, Jacques Chazot,...

Dans le même temps aux Nouveautés (direction A.Willemetz) on joue "Toi cest moi, Normandie, Azor, ,...") où figurent notamment : Pills et Tabet, Ginette Leclerc, Duvaleix, Pauline Carton, Fernand Gravey, Marie Dubas, et toujours l'éblouissante Yvonne Printemps
avec Pierre Fresnay dans"Trois valses"
(musique des Stauss), opérette qui fera l'objet d'une belle adaptation cinématographique.

Maurice LEHMANN 1895 - 1974)

 

Juste avant la Guerre, qui va éclater en 1939, les menaces qui pèsent sur le pays amènent le public
à s'étourdir de musiques et de chansons... A. Willemetz, maintenant Directeur du théâtre
des Bouffes-Parisiens, demande au célèbre musicien Arthur HONNEGER de mettre en musique "Le Roi Pausole", d'après le roman de Pierre Louÿs, opérette dans laquelle figureront des débutantes comme Edwige Feuillère, Simone Simon, Suzy Delair, Paulette Dubost,...
De nombreus autres musiciens, librettistes et metteurs en scène
participeront à cette frénésie
des spectateurs pour le genre qui va bientôt voir arriver " l'opérette marseillaise".

Vincent SCOTTO ( 1874 - 1952)

 

C'est grâce à Vincent Scotto et son gendre
le chanteur Henri Alibert que l'opérette marseillaise va "monter à Paris" .
C'est Alibert qui produit, à ses frais, au théâtre des Variétés "Un de la Canebière, Les Gangsters du Château d'If, Arènes joyeuses, Trois de la Marine, Au pays du soleil, ..."

Contrairement à ce qu'imaginaient les directeurs des autres théâtres, l'opérette
"avé l'assent", aux livrets simplissimes mais
à la musique entraînante et chaleureuse
va attirer les spectateurs parisiens.
Succès dû aussi aux interprètes : Rellys, Fernnand Sardou, ... puis Tino Rossi.

Scotto n'est pas qu'un auteur pour l'opérette
(Adieu Venise provençale, Le plus beau de tous les tangos du monde) c'est aussi le compositeurs de nombreux succès tels "La petite tonkinoise, J'ai deux amours (suucès de Joséphine Baker), Prosper, Sous les ponts de Paris, La Java bleue, ...

Tino Rossi --->

 

Les débuts de la Guerre, en septembre 1939,
puis l'Armistice, en juin 1940, ne ralentissent guère, au contraire, le besoin de se distraire pour oublier les vississitudes de l'époque.
Vont alors se révèler deux "voix d'or" :
André Dhassary dans "L'auberge qui chante"
et avec "Toi, c'est moi" un ex-boy
du Casino de Paris Georges Guétary.
Ces deux noms, bientôt rejoints par celui de Luis Mariano, occuperont le devant
de la scène (opérettes et chansons diverses) pendant un quart de siècle !