TROIE : Mythe et Réalité... où ?

Le "mythe" de la Guerre de Troie
est né dans l'Iliade ( Ilion = Troie),
de HOMERE, qui serait un poète (aède) grec
du VIIIème s. av.J-C (?), lequel raconte
des événements qui se seraient déroulés
environ quatre cents ans avant...

Cette épopée, en vers, raconte l'histoire
d'une lutte qui aurait duré dix ans entre
les Achéens (Grecs) et les Troyens.

Dans cette oeuvre l'origine de la guerre aurait été l'enlèvement d'Hélène (reine de Sparte, épouse du roi Ménélas)) par le troyen Pâris
(fils de Priam, roi de Troie).

Tous les rois des cités grecques se seraient unis sous le commandement d'Agamemnon
(roi de Mycènes) pour venger l'affront.

Le récit commence au cours de la dixième année du conflit, année du dénouement qui verra la prise de Troie grâce à la ruse (le cheval de bois rempli de guerriers) d'Ulysse (roi d'Ithaque)
et sa destruction par le feu.

Comme dans toute "Mythologie" vont intervenir des Dieux et des Héros.
Même si Homère ne dit pas la "genèse" de l'enlèvement d'Hélène d'autres textes le racontent :
Une querelle entre les déesses Héra (Junon), Athéna (Minerve) et Aphrodite (Vénus) pour savoir laquelle était la plus belle avait dû être tranchée, par l'octroi d'une pomme, par le "beau berger Pâris" (berger... fils de roi ?) qui choisit Aphrodite et reçut de celle-ci la promesse d'être aimé
par la plus belle des mortelles, Hélène (de Sparte). D'où enlèvement... et guerre !

Principaux héros de l'épopée :
Côté troyen : Priam, Hector et Pâris (ses fils), Andromaque (femme d'Hector)...
Côté grec : Les rois Agamemnon, Ménélas, Achille, Nestor, Ulysse, Ajax,...
Les dieux et déesses de l'Olympe interviennent aussi des deux côtés des belligérants.


Un épisode : Achille traînant le corps d'Hector
derrière son char

* * * * *

Sur la carte, ci-dessus, le site de TROIE est bien indiqué mais son emplacement était oublié
et même considéré comme légendaire... jusqu'à la fin du XIXème siècle où un riche industriel, l'allemand Schliemann, passionné d'archéologie, réussit, avec un peu de chance, à le localiser.

 



Henrich SCHLIEMANN (1822-1899)

Né en Allemagne dans une famille pauvre.
Il interrompt ses études à 14 ans pour devenir garçon de courses et exerce divers petits métiers avant d'ouvrir son propre commerce d'mport-export (d'or) qui progresse très vite.
Il voyage, visite de nombreux pays ... et devient banquier. Sa fortune est plus que confortable.

Installé à Paris il suit des cours sur l'Antiquité
et les Langues orientales, dernière discipline
où il excelle vu son don pour les langues.
Il parle, en plus de l'allemand, le français, l'italien, le portugais, l'arabe, le russe, ...

En 1878 il obtient un doctorat d'archéologie.
Il se passionne pour l'Iliade et le site de Troie que l'on pense plus ou moins imaginaire,
mais lui, se fiant aux textes anciens va entreprendre des fouilles sur un lieu où il croit reconnaitre la ville décrite par Homère : la colline d'Hissarlik, en Turquie (asie mineure).

Encouragé par Franck Calvert, archéologue britannique vivant près d'Hissarlik, Schliemann va, en 1870, entreprendre des fouilles sur cette colline provenant de l'entassement de diverses occupations du site. Encore quelque peu amateur, malgré son diplôme, il va faire effectuer des tranchées de reconnaissance, à l'aveugle, qui font frémir les archéologues modernes.

En 1871 il découvre une première citadelle, puis en continuant la prospection, plusieurs autres niveaux dont un où il découvrira un trésor qu'il baptisera "le trésor de Priam"
où il identifiera les ruines de la Troie homérique.
Pour ses autres campagnes de fouilles (une vingtaine d'années)
il sera épaulé par des archéologues professionnels.

Sophia Schliemann revêtue
des "bijoux d'Hélène".

 



En haut, "le trésor de Priam" photographié
à l'époque de sa découverte.

Ci-dessus une partie des bijoux exposés
au musée de Berlin.

 

Le niveau II identifié par Schliemann pour Troie se révèlera plus tard erroné.
Le niveau véritable de la Troie homérique se situerait plutôt au niveau VII ( ? ).
Les vestiges découverts à ce niveau correspondent à la date approximative donnée par
le poème d'Homère et indiquent bien les restes d'une cité détruite par un incendie.

La Troie, identifiée comme telle par Schliemann, semblait une bien petite cité par rapport à l'importance de l'Histoire. Des investigations plus récentes, en particulier à l'aide des photos aériennes et études scientifiques modernes (dont la résonance magnétique) ont permis d'établir que la ville découverte n'était que "la ville haute" et que tout autour s'étendait la suite
d'une cité elle aussi fortifiée "la ville basse".

reconstitution possible ?

Quelques vues des ruines de Troie à Hissarlik

L'énigme de la véracité de l'Iliade n'en est pas pour autant résolue.
Il y a bien eu plusieurs cités successives sur cet emplacement dont beaucoup de points correspondent à ceux indiqués par l'aède mais l'histoire est forcément une "fiction poétique"
... avec un fond de vérité, comme dans beaucoup de contes anciens et modernes.

Les fouilles entreprises par le Dr. Korfmann dès 1982 puis continuées depuis par Ernst Pernicka
ont révèlé de nombreuses similitudes avec le récit d'Homère... sans le prouver totalement.
Mais le site a cependant été classé, en 1998,
par l'UNESCO au patrimoine mondial.

Pour que cette ville ait été maintes fois détruite et reconstruite on peut facilement imaginer qu'elle devait être d'une grande importance statégique, militaire et commerciale.

Une hypothèse plausible, mais non encore confirmée, rattacherait ces destructions (en particulier celle de la Troie homérique) aux rivalités entre les Grecs mycéniens et l'empire des Hitittes.



La ville de Troie aurait été parfois vassale des Grecs et d'autres fois des Hittites suite à des conquêtes et reconquêtes en raison de sa position géographique entre les empires grec et mycénien.

Ce sont des tablettes, en caractères cunéiformes, trouvées à Hattusa (capitale hittite) qui donnent corps à cette possibilité mais aucune, même si elles indiquent bien les luttes entre ces deux empires conquérants, ne confirment totalement cette hypothèse cependant vraisemblable.

Peut-être de nouvelles découvertes archéologiques nous donneront-elles enfin la clé du mystère ?

Une nouvelle théorie situerait cet épisode plus au nord-ouest... voire en l'actuelle grande-Bretagne,
ceci en s'appuyant sur divers événements climatiques de l'Iliade... mais rien n'est vraiment probant.
On peut tout dire en évoquant certains faits et en escamotant les autres.
Il suffit de voir tout ce qui avait été échafaudé, en interprètant des faits, pour l'évasion
de Louis XVII du Temple, les hypothèses sur le "masque de fer", les sites possibles d'Alésia, etc...