LA GUERRE D'ALGERIE

Le
18 mars 1962 les "accords d'Evian" mettaient fin à une Guerre qui durait depuis 8 ans.
Ils proclamaient l'indépendance de l'Algérie et entraient en vigueur dès le lendemain.

Un demi siècle après les plaies sont toujours sensibles et des polémiques ressurgissent encore fréquemment sur divers sujets concernant cette douloureuse période.

Aussi, acteur involontaire de cette "Guerre sans nom" (puisque ce n'est qu'en 1999
qu'elle fut reconnue comme telle), j'essaierai d'exposer simplement les principaux faits
et leur déroulement en évitant le plus possible de relancer les débats ....
L'Internaute intéressé pourra toujours consulter les nombreux et très divers ouvrages consacrés au sujet, ainsi que les documentaires et films
le concernant ; les uns et les autres n'étant que très rarement impartiaux... mais est-il vraiment possible de l'être?


PROLOGUE

Un peu d’Histoire ancienne
L’Afrique du nord était déjà peuplée à l’âge de pierre comme en témoignent
de nombreux vestiges d’armes et d’outils et même des gravures rupestres.
A partir du XIIème siècle avant J-C les Phéniciens (Phénicie = actuel Liban) s’établissent
sur les côtes d’Afrique (le nom Afrique désignait à l'origine ce qui est maintenant la Tunisie).
A partir de la fondation de Carthage (près de l’actuelle Tunis) , au IXème s.av.J-C.,
ces établissements se multiplient pour commercer avec les peuples plus au Nord .
Après la chute de Carthage (146 av.J-C) les Romains imposent progressivement leur domination
et leur Civilisation bien que les Civilisation et langue puniques (phéniciennes) perdurent.
-A l’époque romaine la Numidie correspondait à l’Algérie et la Maurétanie au Maroc.-




Le Christianisme va tenter de s’imposer mais d’anciens cultes subsistent
et de nombreuses hérésies vont éclore.
Au Vème s. les invasions barbares (Vandales) ajoutent à la confusion.
Au VIIème s. c’est l’invasion arabe. Les Berbères, qui forment alors le fond de la population
de la région, s’y opposent avec force mais sont finalement islamisés et vont participer
à la conquête de l’Espagne.
Une seconde invasion arabe (initiée depuis le Caire) dévaste à nouveau le « maghreb »
(le « couchant » ou « l’occident » par rapport au califat du Caire) et impose la création
de trois royaumes : Maroc, Tunisie et Algérie … lesquels vont se livrer à des guerres incessantes. Au début du XVIème s. l’Algérie, appauvrie, va être dominée par les Espagnols et les Turcs
qui ne laisseront bientôt aux premiers que la région d’Oran.
Alger devient la capitale des fameux « pirates barbaresques » (dont le célèbre Barberousse),
terreurs de la Méditerranée, théoriquement soumis à l’Empire turc
mais pratiquement indépendants.

***

La conquête française

L’Algérie est, en ce début de XIXème s., sous le gouvernement du dey d’Alger
assisté des beys de Constantine, de Médéa et d’Oran.
En réalité leur autorité n’est guère effective ; ce sont les chefs des tribus,
toujours en guerre entre elles, qui imposent leurs lois.
C’est un affront diplomatique (un soufflet avec son chasse-mouches sur le visage du Consul
de France) , en 1827, pour une sombre affaire d’argent … qui dure depuis 1797,
qui va déclencher les hostilités (le dey refusant de s’excuser) … en 1830.
Le roi Charles X envoie 36 000 hommes, sous le commandement du comte de Bourmont.
Après quelques jours de combat Alger est prise, les Turcs rembarqués
vers l’Asie mineure et le dey exilé à Naples.
Le Gouvernement de Charles X, fort de ce succès, en profite pour proclamer les
« ordonnances liberticides » qui déclenchent une nouvelle Révolution et l’arrivée au pouvoir
de son cousin, Louis-Philippe qui devient le « roi des Français».
Ce dernier, prudent, ne désirant pas fâcher sa seule alliée, l’Angleterre, décide de n’occuper
que quelques villes sur la côte : Alger, Oran, Cherchell, Bougie, Philippeville et Bône.
L’armée change trop souvent de chef et la décision de laisser la plus grande partie du territoire sous autorité autochtone va favoriser, en 1834, un jeune chef de tribu, Abd-el-Kader,
qui sera vite le plus redoutable ennemi
des troupes françaises.
Celui-ci, en 1839, décrète la " guerre sainte " .


Il fallut une armée de 100 000 hommes, commandée par le général Bugeaud, pour en venir à bout .
En 1843 le duc d’Aumale (fils de Louis-Philippe) avait pris " la smala " (le camp)
d’Abd-el-Kader mais ce n’est qu’en 1847 que celui-ci finit par se rendre.


Prise de la smala (Horace Vernet)

Mais il restait encore des tribus insoumises. Cette conquête, au départ non prévue,
ne fut donc achevée qu’en 1857, sous Napoléon III.
Il y eut cependant encore deux importants soubresauts : en 1871 (en Grande Kabylie)
et en 1881 (dans le sud oranais).

***
La Colonisation
(bref résumé)
A partir de 1841 la France favorise une "colonisation dirigée" sous un théorique gouvernement arabe qui ne peut s'exercer qu'avec l'aide militaire française. Des colons français et étrangers,
à qui on donne des terres enlevées aux rebelles, s'installent par vagues.
A cette époque on compte environ 3 millions d'autochnones pour 200 mille européens.
En 1848 création de 3 départements rattachés à la France sous le régime de "l'Indigénat".
(Les juifs et les musulmans - pour raisons religieuses - ne sont pas soumis exactement
aux mêmes lois que les européens, mais ont pratiquement les mêmes devoirs.)
Cultures et religions différentes, donc assimilation difficile ...
Après les Gouverneurs militaires ce n'est qu'en 1879 qu'il y a un vrai Gouverneur civil ( A.Grévy).
En 1896 le Gouverneur passe sous l'autorité du Ministre de l'intérieur de la France.
Au début du XXème siècle les naturalisations (surtout d'Européens) s'accélèrent
et une importante propagande favorise la colonisation.
Depuis 1919 la loi permettait à tous les musulmans, non-citoyens français,
d'être représentés dans les Assemblées délibérantes avec les mêmes droits
que les citoyens français, mais ces Assemblées avaient peu de réels pouvoirs.
L'Algérie avait pris son essor et comptait en 1926 près de 6 millions d'autochtones
et près de 800 mille Européens (dont plus de 500 mille Français).
Au cours des 2 guerres mondiales les Algériens de souche avaient, pour la plus grande partie,
fait preuve de loyauté envers la France ... même si celle-ci était avare de reconnaissance.

Cependant certains militent toujours pour une Algérie indépendante.
En 1945 des émeutes, sévèrement réprimées, éclatent et ensanglantent la région de Sétif.
En 1947 l'Algérie devient un "département français". La nouvelle Assemblée algérienne
est un organisme administratif (avec un budget autonome) et non politique
toujours en partie soumise au pouvoir du Gouverneur, donc de la métropole.
Cet immobilisme politique du Gouvernement français, allant "à contrario"
des désirs exprimés par la majorité musulmane (dont un certain nombre d'autonomistes),
allait immanquablement amener à une crise tout à fait prévisible.