***
La conquête française
L’Algérie est, en ce
début de XIXème s., sous le gouvernement du dey d’Alger
assisté des beys de Constantine, de Médéa et d’Oran.
En réalité leur autorité n’est guère effective ; ce sont les chefs des tribus,
toujours en guerre entre elles, qui imposent leurs lois.
C’est un affront diplomatique (un soufflet avec son chasse-mouches sur le visage du Consul
de France) , en
1827, pour une sombre affaire d’argent … qui dure depuis
1797,
qui va déclencher les hostilités (le dey refusant de s’excuser) … en
1830.
Le roi Charles X envoie 36 000 hommes, sous le commandement du comte de Bourmont.
Après quelques jours de combat Alger est prise, les Turcs rembarqués
vers l’Asie mineure et le dey exilé à Naples.
Le Gouvernement de Charles X, fort de ce succès, en profite pour proclamer les
«
ordonnances liberticides » qui déclenchent une nouvelle Révolution et l’arrivée au pouvoir
de son cousin, Louis-Philippe qui devient le «
roi des Français».
Ce dernier, prudent, ne désirant pas fâcher sa seule alliée, l’Angleterre, décide de n’occuper
que quelques villes sur la côte : Alger, Oran, Cherchell, Bougie, Philippeville et Bône.
L’armée change trop souvent de chef et la décision de laisser la plus grande partie du territoire sous autorité autochtone va favoriser, en 1834, un jeune chef de tribu, Abd-el-Kader,
qui sera vite le plus redoutable ennemi
des troupes françaises.
Celui-ci, en 1839, décrète la " guerre sainte " . |
|
Il fallut une armée de 100 000 hommes, commandée par le général Bugeaud, pour en venir à bout .
En 1843 le duc d’Aumale (fils de Louis-Philippe) avait pris " la smala " (le camp)
d’Abd-el-Kader mais ce n’est qu’en 1847 que celui-ci finit par se rendre.
Prise de la smala (Horace Vernet)
Mais il restait encore des tribus insoumises. Cette conquête, au départ non prévue,
ne fut donc achevée qu’en 1857, sous Napoléon III.
Il y eut cependant encore deux importants soubresauts : en 1871 (en Grande Kabylie)
et en 1881 (dans le sud oranais).
***
La Colonisation
(bref résumé)
A partir de 1841 la France favorise une "colonisation dirigée" sous un théorique gouvernement arabe qui ne peut s'exercer qu'avec l'aide militaire française. Des colons français et étrangers,
à qui on donne des terres enlevées aux rebelles, s'installent par vagues.
A cette époque on compte environ 3 millions d'autochnones pour 200 mille européens.
En 1848 création de 3 départements rattachés à la France sous le régime de "l'Indigénat".
(Les juifs et les musulmans - pour raisons religieuses - ne sont pas soumis exactement
aux mêmes lois que les européens, mais ont pratiquement les mêmes devoirs.)
Cultures et religions différentes, donc assimilation difficile ...
Après les Gouverneurs militaires ce n'est qu'en 1879 qu'il y a un vrai Gouverneur civil ( A.Grévy).
En 1896 le Gouverneur passe sous l'autorité du Ministre de l'intérieur de la France.
Au début du XXème siècle les naturalisations (surtout d'Européens) s'accélèrent
et une importante propagande favorise la colonisation.
Depuis 1919 la loi permettait à tous les musulmans, non-citoyens français,
d'être représentés dans les Assemblées délibérantes avec les mêmes droits
que les citoyens français, mais ces Assemblées avaient peu de réels pouvoirs.
L'Algérie avait pris son essor et comptait en 1926 près de 6 millions d'autochtones
et près de 800 mille Européens (dont plus de 500 mille Français).
Au cours des 2 guerres mondiales les Algériens de souche avaient, pour la plus grande partie,
fait preuve de loyauté envers la France ... même si celle-ci était avare de reconnaissance.
Cependant certains militent toujours pour une Algérie indépendante.
En 1945 des émeutes, sévèrement réprimées, éclatent et ensanglantent la région de Sétif.
En 1947 l'Algérie devient un "département français". La nouvelle Assemblée algérienne
est un organisme administratif (avec un budget autonome) et non politique
toujours en partie soumise au pouvoir du Gouverneur, donc de la métropole.
Cet immobilisme politique du Gouvernement français, allant "à contrario"
des désirs exprimés par la majorité musulmane (dont un certain nombre d'autonomistes),
allait immanquablement amener à une crise tout à fait prévisible.